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La Nouvelle Revue Française

Mars 2022

La Nouvelle Revue Française, n° 653

Aurait-on un doute sur la question qui est débattue dans ces pages que la lecture de cette NRF de printemps nous rassurerait. Oui, la langue française est bien cette reine Victoria qui parle aux siècles, oui notre vie en dépend, oui l’Académie française est bien ce club gratuit où l’on peut venir s’asseoir et discuter anaphore. Et non, il ne faut pas céder aux pressions de la mode. Mais Richelieu était-il un gars de nature à se plier aux ordres de la mode ?

L’« autrice » a été à la fête, ces dernières semaines. Cela valait la peine de soupeser les choses. Les habitudes masculines ou féminines, en matière de langage, n’aiment guère que l’on bouscule les horaires. Les partisans de l’autrice avaient pour eux l’application de la « loi » – disons l’application d’une habitude légitime, qui sait qu’il faut toujours compter avec la douceur d’un long usage. S’agissant du français, on touche immédiatement à ce mystère de la beauté d’une langue qui a eu pour elle la justesse, l’adéquation du mot à la chose. La musique de la langue française conjugue la transparence liquide avec l’arête du silex. On ne bouge pas cela, ou l’on s’en remet à l’usage. Le lecteur trouvera ici de quoi subvenir à son besoin de clarté, de justesse musicale.

Le linguiste Bernard Cerquiglini apporte ici les munitions nécessaires à l’animation du débat, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. Et l’on pourra surtout éprouver en quoi la langue française n’est pas un bel habit que l’on contemple dans la vitrine du musée. Ce sont les écrivains qui font vivre la langue. De Villon à Céline, de Balzac à Lautrémont, on se perd à l’idée d’une bibliothèque qui saurait restituer la longue histoire des secousses qui ont fait l’histoire de la langue française. Un mouvement  d’alternance, qui joue à la fois de la justesse et du gouffre. C’est Giraudoux qui évoque l’« idée » d’un feu dévorant au cœur de la sobriété et l’on pourrait aller plus loin encore. Ortega y Gasset, dont La NRF publie ici un texte inédit, avait aussi en tête cette nudité de la langue française qui est comme l’eau de la rivière : on peut la toucher à la cascade, on ne peut s’en saisir. À la fin, c’est toujours la cascade qui gagne.

Ainsi s’établit, au fil des générations, un ballet dialectique entre l’ordre et le désordre. C’est Claudel qui a le mieux parlé de Rimbaud et l’on pourra renverser à loisir une telle proposition. Le débat sur les nouveaux usages du français est pleinement légitime dès lors qu’il se montre capable de tenir dans une même main la rigueur de la partition et la musique qui en jaillit. Il y a là de quoi inventer de nouveaux chants : à la fois pour l’amour d’une certaine familiarité comme le peintre Chardin nous la fait entendre et pour l’amour de la profondeur, jusque dans ses ombres les plus redoutables. Ce n’est pas Jack Kerouac, dont on fête le centenaire de la naissance, qui nous dira le contraire.

Kerouac voulait écrire en écoutant l’Amérique. Il était un écrivain joueur de musique. Il ressemblait au vagabond – le « beat » qui arpente la route américaine, dort à l’ombre des wagons. Jean-François Duval, qui a connu quelques-unes des figures de cette époque, nous fait participer au voyage, notamment en compagnie de LuAnne, qui fut un moment la petite amie de Neal Cassady, compagnon de bitume de Kerouac. Mais il ne s’agit pas tant d’entretenir les dorures du mythe beat que d’écouter la mélopée en s’interrogeant sur sa matière intrinsèque. Le blues, le jazz, le rock forment ici un exemple de band. Kerouac a été le seul à jeter des ponts d’une rive à l’autre. C’est la freeway qui nous attend encore.
Bonne lecture,

Michel Crépu



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